Renata Basto
Renata Basto, lauréate de la médaille d’argent pour ses recherches sur le centrosome.
Au laboratoire Biologie cellulaire et cancer (CNRS/Institut Curie), Renata Basto étudie les variations du nombre de centrosomes et chromosomes et leur implication dans les cancers. Elle est récompensée par la médaille d’argent du CNRS.
« Ce qui me plaît dans la recherche, c’est qu’on a le luxe de pouvoir basculer sur de nouvelles questions après avoir obtenu des résultats inattendus », confie Renata Basto. Au cours de sa carrière, la chercheuse n’a pas eu peur de sortir des sentiers battus. Cela commence lors de son post-doctorat au Royaume-Uni où elle étudie le centrosome - un organite où s’organisent les microtubules impliqués dans la mitose. Chez la mouche, elle découvre que le centrosome n’est pas essentiel à la division cellulaire comme cela était supposé. « J’ai commencé à m’intéresser aux mécanismes qui régissent le nombre de centrosomes dans les cellules et leur implication pathologique », décrit Renata Basto.
En 2008, elle crée une équipe au laboratoire Biologie cellulaire et cancer à Paris pour creuser ces questions chez la souris. « Nos travaux ont montré qu’un nombre trop élevé de centrosomes entraînait l’aneuploïdie, c'est-à-dire un nombre anormal de chromosomes. Et nous avons vu que cela engendre des conséquences différentes selon la nature des tissus », explique la chercheuse. Dans le cerveau, l’aneuploïdie mène par exemple à une microcéphalie. Dans la peau, elle entraîne la formation de tumeurs. Pourquoi ?
L’équipe poursuit cette piste sur les modèles de la mouche, de la souris et des cellules humaines. Elle découvre notamment les conditions qui mènent à un autre phénomène : l’acquisition de plusieurs lots de chromosomes. Les chercheurs démontrent que cette condition (la polyploïdie) est synonyme de plusieurs défauts ce qui se traduit par plusieurs sources d’instabilité génétique.
Afin d’approfondir ce lien entre le nombre de centrosomes et le cancer, les scientifiques ont par ailleurs analysé une grande cohorte de cancers des ovaires. Ils ont observé plusieurs types d’anomalies : trop de centrosomes ou pas de tout, mais aussi des anomalies de structure qu’ils continuent d’étudier. À Renata Basto d’ajouter « Ces observations montrent l’importance de la recherche dans les organismes modèles pour comprendre les origines de certaines pathologies ».