Lucie Etienne
Lucie Etienne récompensée par la médaille de bronze du CNRS pour ses travaux en infectiologie
Lucie Etienne, chercheuse au Centre international de recherche en infectiologie (CIRI – CNRS/ ENS de Lyon/Inserm/Université Claude Bernard), décrypte l'histoire évolutive et fonctionnelle des relations hôtes-pathogènes. Elle est récompensée par la médaille de bronze du CNRS.
Pendant sa thèse à l’université de Montpellier, Lucie Etienne s’intéresse à l’origine du VIH via l’étude de la diversité et de la pathogénicité des virus qui lui sont apparentés chez les grands singes. Elle réalise ensuite un post-doctorat au Fred Hutchinson Cancer Center (États-Unis) dans un laboratoire de virologie moléculaire spécialisé dans l’étude d’épidémies virales passées et leur impact sur le présent. « J’y ai retracé des adaptations à l’origine de l’émergence du VIH chez l’humain. J’ai aussi pu décrire des protéines antivirales qui bloquent naturellement les transmissions inter-espèces de ces virus », rapporte Lucie Etienne.
Riche de cette expérience interdisciplinaire, la chercheuse revient en France où elle crée un groupe de recherche au CIRI. L’objectif de son groupe est de comprendre comment certaines espèces résistent naturellement aux émergences ou aux infections virales. En plus des primates, l’équipe explore l’immunité antivirale des chauves-souris. Pour cela, elle combine des outils de bioinformatique évolutive avec des tests fonctionnels dans les cellules des hôtes. « Nous voulons trouver comment des protéines d’immunité antivirale ont été générées au cours de l’évolution. Celles-ci sont un peu comme le fruit de millions d’années d’expérimentation naturelle. Cela nous aide à trouver des protéines qui pourraient restreindre des virus pathogènes chez l’humain », explique Lucie Etienne.
Ses travaux ont notamment montré que le génome des chauves-souris a été façonné par des épidémies très pathogènes leur ayant procuré des défenses immunitaires antivirales fortes et diversifiées. L’équipe a aussi identifié de nouveaux facteurs potentiellement inhibiteurs du VIH. « Nous étudions la façon dont ces facteurs pourraient être impliqués dans des voies antivirales qui seraient conservées à travers les espèces, de la bactérie jusqu’à l’humain ».