Julien BouvierChercheur CNRS à l'Institut des neurosciences Paris-Saclay (NeuroPSI) - CNRS / Université Paris Saclay
Comment les neurones de notre cerveau et de notre moelle épinière communiquent-ils pour contrôler notre capacité à se mouvoir et en particulier à marcher ? Cette question inspire particulièrement Julien Bouvier, directeur de recherche en neuroscience au CNRS. Après un doctorat portant sur la neurobiologie du système respiratoire obtenu en 2010, il se concentre sur la motricité au sens plus large lors d’un postdoctorat en Suède, puis au sein de sa propre équipe qu’il crée en 2018 à l’Institut NeuroPSI. Il y développe notamment, chez la souris, des méthodes de traçages de connectivité nerveuse, d’optogénétique et d’analyse du comportement, qui permettent d’observer l’anatomie des neurones, d’en modifier l’activité et d’en déduire le rôle. Ses recherches contribuent ainsi à mieux comprendre l’organisation des circuits dont le dérèglement ou l‘alteration est responsable des pertes d‘autonomie motrice dans des contextes post-traumatiques ou neurodégénératifs.
Multi-omics characterization of descending motor circuits in the brainstem - ReticulOme
L'exécution de mouvements coordonnés et adaptatifs est la manifestation finale de pratiquement tous les processus cérébraux. Une motricité altérée est d’ailleurs une caractéristique de presque toutes les conditions qui affectent le système nerveux. Ce projet apportera de nouvelles informations sur les bases neurales des mouvements, en mettant l'accent sur les neurones dits réticulospinaux. En effet, ces cellules de la partie la plus postérieure du cerveau, par leurs projections directes vers la moelle épinière, sont essentielles pour le contrôle des membres et du tronc. La classification des neurones réticulospinaux est jusqu’alors restée approximative mais nos travaux récents suggèrent qu’il en existerait beaucoup de types différents. Chaque type pourrait contrôler un groupe musculaire, donc un type de mouvement, bien spécifique. Ce programme vise ainsi à caractériser et comprendre cette spécialisation des neurones réticulospinaux selon des critères nouveaux, y compris anatomiques (leur position et leur connexion vers le reste du cerveau), fonctionnels (le type de mouvement qu’ils contrôlent) et génétiques (les gènes qu’ils expriment). Ces nouvelles données combinées devraient permettre, à terme, d’examiner et d’agir sur des types cellulaires pertinents dans des contextes post-traumatiques ou neurodégénératifs.