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David Chiron

Médaille de bronze du CNRS

David Chiron, lauréat de la médaille de bronze du CNRS

Chercheur au Centre de recherche en cancérologie et immunologie intégrée Nantes-Angers (CRCI²NA - CNRS/Inserm/Nantes Université/Université d’Angers), David Chiron est spécialisé dans l’étude de la résistance des cancers du sang. Il est récompensé pour ses travaux par la médaille de bronze du CNRS.

De nombreux cancers hématologiques sont de très mauvais pronostics, car sujets à des rechutes systématiques. Afin de proposer de nouvelles stratégies de traitement, David Chiron recherche des vulnérabilités acquises par les tumeurs au cours de leur développement. « Un talon d’Achille potentiel est leur dépendance à leur microenvironnement, c'est-à-dire l’écosystème de cellules normales qui entoure la tumeur », explique le chercheur au CRCI²NA.

David Chiron utilise comme modèle d’étude le lymphome à cellule du manteau. Un type agressif de cancer du sang qui représente près de 1000 nouveaux cas chaque année en France. Son équipe (qu’il codirige depuis 2022) a notamment confirmé la présence de nombreuses interactions permettant à ce type de tumeur de corrompre son microenvironnement afin qu’il lui envoie les signaux nécessaires à sa survie. « Dans la majorité des cas, nous avons observé une stimulation menant aux voies NF-κB au sein de la tumeur », décrit le chercheur. Cette voie de signalisation induit, entre autres, une résistance aux médicaments. « Nous avons observé que l’activation de cette voie entraîne notamment l’inhibition de l’apoptose mitochondriale via une dérégulation de certaines protéines de la famille Bcl-2 », précise David Chiron. D'autre part, ces voies semblent aussi moduler l'interaction de la tumeur avec le système immunitaire, participant ainsi à la corruption de l'écosystème tumoral.

Ces résultats ont participé au rationnel d’un essai clinique dans lequel une combinaison de thérapies ciblées visait à couper les signaux pro-tumoraux identifiés à la paillasse. La stratégie s’est avérée prometteuse, mais un tiers des patients ne répond toujours pas au traitement. « Nous avons identifié chez ces derniers la présence d’une mutation qui permet à la cellule tumorale d’activer leurs voies NF-κB de manière constitutive. Elle a donc moins besoin des signaux de l’environnement pour survivre », explique David Chiron. Afin de mieux cibler les mécanismes mis en jeu par la tumeur, le chercheur poursuit ses recherches en combinant des technologies de séquençage à haut débit à des analyses fonctionnelles sur des modèles in vitro et in vivo.

« Nous nous intéressons actuellement aux interactions entre la tumeur et les lymphocytes T pour rétablir la capacité de ces derniers à tuer la cellule tumorale malgré ses stratégies de défense ».
David Chiron