Ana Rita Gomes
Médaille de bronze pour Ana Rita Gomes et ses recherches sur la biologie des pathogènes
Ana Rita Gomes explore la réplication de l'ADN et la régulation du cycle cellulaire chez les parasites responsables du paludisme. La chercheuse du Laboratoire des pathogènes et de l’immunité de l’hôte (LPHI - CNRS/Université de Montpellier) est lauréate de la médaille de bronze du CNRS.
Comment Plasmodium falciparum, le parasite responsable du paludisme, se multiplie-t-il et se propage-t-il dans l'organisme humain ? « La biologie de ce pathogène est fascinante. Elle ne répond à aucun des principes décrits depuis des dizaines d’années sur les cellules mammifères et les levures », expose Ana Rita Gomes. La chercheuse du LPHI espère bien percer les mystères de ce micro-organisme qui a infecté 249 millions de personnes en 2022 d’après l’Organisation mondiale de la Santé (OMS).
Microbiologiste de formation, Ana Rita Gomes se spécialise en parasitologie lors de son doctorat en Angleterre. Elle y développe des techniques de criblage à grande échelle afin d’étudier la fonction des gènes de Plasmodium falciparum. Lors d’un post-doctorat, elle étudie ensuite les virus de la dengue et le virus Zika. Puis, elle se concentre entièrement à l’étude du parasite Plasmodium falciparum à son arrivée en France dans le cadre du LabEx ParaFrap. « Depuis mon entrée au CNRS en 2018, je m’intéresse à la régulation du cycle cellulaire de ce pathogène. Par exemple, comment réplique-t-il son ADN dans l’hôte ? Ou au contraire, comment décide-t-il d’arrêter de le faire afin de se protéger d’un traitement médicamenteux ? », décrit la chercheuse.
En 2023, avec ses collègues, Ana Rita Gomes met en évidence un mécanisme inédit de détermination sexuelle. Le micro-organisme dispose d’un gène qui agit comme un interrupteur lui permettant d’être tantôt mâle, tantôt femelle. Par ce mécanisme, il se transmet au moustique et peut se reproduire avec d’autres souches, ce qui lui permet de diversifier son génome.
Avec l’obtention d’une ERC Starting Grants pour son projet JANUS (lancé en 2024), la chercheuse va désormais creuser les mécanismes responsables de la multiplication cellulaire atypique de Plasmodium falciparum. « Il produit une dizaine de cellules filles au lieu de deux conventionnellement. Nous voulons identifier les régulateurs moléculaires de ce phénomène », explique Ana Rita Gomes. À terme, le projet pourrait fournir de nouveaux outils dans la lutte continue contre le paludisme.