Coupe-moi si tu veux : un nouveau "saboteur cellulaire" contre le SARS-CoV-2
L'inflammation observée chez les patients infectés par le SARS-CoV-2, virus responsable de la COVID-19, suggère que des complexes intracellulaires pro-inflammatoires, les inflammasomes, régulent les différentes étapes de cette infection. Les cellules épithéliales pulmonaires expriment certains inflammasomes et constituent la principale porte d'entrée du virus. Les scientifiques mettent en évidence que l'inflammasome NLRP1 détecte l'infection par le SRAS-CoV-2 dans les cellules épithéliales pulmonaires humaines, mais que ce dernier se comporte comme un poison cellulaire qui provoque la mort cellulaire et limite la production de particules virales infectieuses. Ces résultats sont publiés dans la revue Molecular Cell.
Le SARS-CoV-2 a infecté plus de 300 millions de personnes dans le monde. Etant donné qu'il infecte en priorité les cellules du nez, de la gorge et du poumon, les chercheurs ont émis l’hypothèse que ces cellules pourraient potentiellement contrôler l’infection ou l’exacerber selon les patients. L’inflammation observée chez les patients infectés par le SARS-CoV-2 suggère que les complexes inflammatoires cellulaires, les inflammasomes, sont impliqués dans la détection du SARS-CoV-2 dans ces cellules.
Dans cette étude internationale impliquant des équipes de recherche françaises britanniques, américaines et singapouriennes, les scientifiques identifient l’inflammasome NLRP1 comme un nouveau détecteur du SARS-CoV-2, participant ainsi à son élimination en induisant la mort de la cellule infectée.
Pour se multiplier, le SARS-CoV-2 exprime la protéase NSP5, un ciseau viral. Dans les cellules infectées, NSP5 coupe et active l’ensemble des protéines nécessaires à la production de nouveaux virus. Les chercheurs mettent en évidence que la protéine cellulaire NLRP1 leure ce système en mimant le comportement des protéines du SARS-CoV-2. La coupure de NLRP1 par NSP5 conduit à sa dégradation par une machine intracellulaire, le protéasome. Cette dégradation libère une partie de NLRP1 ce qui conduit à la formation de l’inflammasome NLRP1, structure toxique pour la cellule. Ainsi, la mort induite par l’inflammasome NLRP1 empêche la réplication du SARS-CoV-2 et contribue à protéger l’organisme contre ce virus.
L’ensemble de nos résultats identifient NLRP1 comme un détecteur de l'infection par le SARS-CoV-2 dans les épithéliums pulmonaires et un "saboteur" antiviral important dans la lutte de l’organisme contre ce virus. Cela ouvre des perspectives dans la compréhension des infections pulmonaires et des susceptibilités humaines aux infections.
Pour en savoir plus :
Human NLRP1 is a sensor of pathogenic coronavirus 3CL proteases in lung epithelial cells
R. Planès, M. Pinilla, K. Santoni, A. Hessel, C. Passemar, K. Lay, P. Paillette, A.-L. Chaves Valadão, K. Samirah Robinson, P. Bastard, N. Lam, R. Fadrique, I. Rossi, D. Pericat, S. Bagayoko, S.-A. Leon-Icaza, Y. Rombouts, E. Perouzel, M. Tiraby, COVID Human Genetic Effort, Q. Zhang, P. Cicuta, E. Jouanguy, O. Neyrolles, C. E Bryant, A. R Floto, C. Goujon, F. Zhong Lei, G. Martin-Blondel, S. Silva, J.-L. Casanova, C. Cougoule, B. Reversade, J. Marcoux, E. Ravet, E. Meunier
Molecular Cell, 13 mai 2022. https://doi.org/10.1016/j.molcel.2022.04.033
Contact
laboratoire
Institut de Pharmacologie et de Biologie Structurale (IPBS) (CNRS, Université de Toulouse)
205 Route de Narbonne,
31077 Toulouse, France