Hommage à Michel Bornens

Après une formation initiale à l'Institut national agronomique, il prépare une thèse d'Etat au Centre de recherche sur la cellule normale et cancéreuse – CNRS Villejuif, soutenue en 1969, centrée sur l'analyse biochimique des noyaux de cellules hépatiques et poursuivie par un post-doctorat à Madison (Wisconsin). C'est à son retour en France, au sein du département de biologie moléculaire de l'Institut Pasteur, qu'il va s'orienter et se passionner dans le milieu des années 70 pour ce qui sera le fil directeur de toute sa carrière, le centrosome, petit organite longtemps délaissé. Michel Bornens va développer de nombreuses méthodes d'étude du centrosome, allant de la biochimie la plus performante à l'analyse physique et à la microscopie électronique. Il poursuivra ce travail, de 1982 à 1985, au centre de cytologie expérimentale du CNRS à Ivry, puis de 1986 à 1995 au centre de génétique moléculaire de Gif/Yvette. Enfin, en 1995, il rejoint l'unité "compartimentation et dynamique cellulaires" (UMR144) à l'institut Curie. C'est dans ces années qu'il va démontrer la puissance de la combinaison de la physique et de la biologie pour l'étude de la cellule.

Au cours de sa carrière, Michel Bornens a été un formidable animateur à l'enthousiasme communicatif comme peut en témoigner la liste impressionnante de ses collaborations nationales et internationales tout comme celle de ses élèves devenus eux-mêmes des défenseurs passionnés de la biologie cellulaire moderne.

Il ne faut pas oublier non plus que Michel Bornens était très attaché à la défense en France d'une recherche fondamentale soutenue au meilleur niveau et au recrutement de jeunes chercheurs, ce qui l'amènera à être en 2004 une des figures du mouvement « Sauvons la Recherche » qui débouchera sur des Etats Généraux de la Recherche.

A sa retraite en 2007, Michel Bornens, devenu directeur de recherche émerite, répondra à l'invitation de Paul Nurse pour une visite de six mois à l'université Rockefeller de NY puis rejoindra l'UMR144, ou il continuera à être très actif. Ces dernières années, il développera des aspects plus conceptuels de la biologie, réfléchissant notamment à la signification en termes d’évolution de l’apparition du centrosome et du cil primaire chez les métazoaires. Ainsi, comme toute sa vie et jusqu'aux derniers moments, Michel Bornens aura ouvert des pistes et défriché ce qui l'animait le plus, la connaissance et la passion pour la science.