Un nouveau modèle animal d'atrophie multisystématisée reproduit plus fidèlement la maladie humaine.

Résultats scientifiques Neuroscience, cognition

Les inclusions cytoplasmiques gliales sont le marqueur pathologique de l'atrophie multisystématisée (AMS). Une étude publiée dans la revue Brain montre que les espèces d'α-synucléine contenues dans ces inclusions sont pathogéniques et ont la capacité d'induire un processus pathologique semblable à celui de l'AMS chez les primates non humains, notamment un processus neurodégénératif associant une démyélinisation, une inflammation et une synucléinopathie.

Les synucléinopathies englobent plusieurs maladies neurodégénératives, dont la maladie de Parkinson, la démence à corps de Lewy et l'atrophie multisystématisée (AMS). Ces maladies sont caractérisées par le dépôt d'agrégats d'α-synucléine dans des inclusions intracellulaires dans les neurones et les cellules gliales. Contrairement à la maladie de Parkinson et à la démence à corps de Lewy, où les agrégats sont principalement neuronaux, l'AMS est associée à des inclusions cytoplasmiques d'α-synucléine dans les oligodendrocytes. Les inclusions cytoplasmiques gliales sont le marqueur pathologique de l'AMS et sont associées à la neuroinflammation, à une démyélinisation modeste et, finalement, à la neurodégénérescence. L'AMS est une maladie neurodégénérative mortelle à progression rapide. Actuellement, les patients ne reçoivent que des thérapies symptomatiques et palliatives, car il n'existe pas de traitement qui modifie le décours de la maladie ni de traitement curatif. De plus, il existe peu de modèles animaux de l'AMS et les études sur sa pathogenèse sont plus rares par rapport aux études sur la pathogenèse d'autres synucléinopathies, telles que la maladie de Parkinson et la démence à corps de Lewy. Par ailleurs, la raison pour laquelle ces cellules dégénèrent n'est pas comprise et fait l'objet de nombreuses recherches. Pour répondre à cette question, les chercheurs ont, entre autres, recours à l'utilisation d'une variété de modèles animaux.

La création d'un modèle animal qui induit la plupart des aspects spécifiques des caractéristiques neuropathologiques de l'AMS a été très recherchée, mais difficile à réaliser. Les scientifiques montrent qu’en injectant des extraits cérébraux humains d'inclusion cytoplasmique gliale (provenant de tissus donnés post-mortem) dans le cerveau de primates non humains, on reproduit la physiopathologie de l'AMS.  

Les scientifiques ont reproduit trois grands aspects de cette pathologie dans ce nouveau modèle animal : une perte de neurones dopaminergiques nigraux, une perte de neurones striataux à épines moyennes et une perte d'oligodendrocytes. Ils montrent que les injections intracérébrales d'inclusion cytoplasmique gliale induisent la plupart des aspects spécifiques à la maladie des caractéristiques neuropathologiques de l'AMS. Deux ans après les injections intracérébrales, les babouins ont montré des changements comportementaux et neuropathologiques subtils, tout comme on le voit dans un cerveau humain atteint d'AMS.

Cette étude constitue la base d'une nouvelle façon de modéliser et d'expliquer comment les inclusions cytoplasmiques gliales induit la physiopathologie de l'AMS. Bien que d'autres expériences soient nécessaires, ce nouveau modèle animal pourrait être utilisé pour tester de nouvelles thérapies sur plusieurs pathologies dans un contexte plus "réaliste".

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© Céline Perier

Figure : Les injections cérébrales d'une fraction enrichie d'agrégats humains d'alpha-synucléine issus de patients atteints d'AMS sont capables d'induire un processus pathologique avec les caractéristiques de la pathologie humaine chez les primates non humains.

Pour en savoir plus:
Brain injections of glial cytoplasmic inclusions induce a multiple system atrophy-like pathology.
Teil M, Dovero S, Bourdenx M, Arotcarena ML, Camus S, Porras G, Thiolat ML, Trigo-Damas I, Perier C, Estrada C, Garcia-Carrillo N, Morari M, Meissner WG, Herrero MT, Vila M, Obeso JA, Bezard E and Dehay B.

Brain 14 mars  2022 . https://doi.org/10.1093/brain/awab374

Contact

Benjamin Dehay
Chercheur Inserm à l' Institut des maladies neurodégénératives (IMN)

Laboratoire

Institut des Maladies Neurodégénératives - IMN (CNRS UMR 5293/Université de Bordeaux)
Centre Broca Nouvelle-Aquitaine
146 rue Léo Saignat
33076 Bordeaux cedex