Hommage à Agnès Ullmann
C’est avec une profonde tristesse que nous avons appris le décès d’Agnès Ullmann, directrice de recherche au CNRS et professeure à l’Institut Pasteur, survenu le 25 février 2019.
Agnès Ullmann a obtenu son doctorat en sciences naturelles à l’Université de Budapest en 1958, où elle a été maître de conférences. Après un séjour dans le laboratoire de Jacques Monod à l’Institut Pasteur en 1958, elle rejoint cet institut en 1960 pour réaliser des études conduisant à la définition du promoteur de l’opéron Lactose chez Escherichia coli (en collaboration avec F. Jacob et J. Monod), pour définir les propriétés allostériques de la phosphorylase b de muscle (avec J. Monod et P. R. Vagelos) et pour élucider le mécanisme de la complémentation intra-cistronique de la β-galactosidase. En 1968, elle s’intéresse au rôle de l’AMP cyclique chez les bactéries et montre que cette molécule lève la répression catabolique. Ses dernières recherches, alors qu’elle dirigeait l’unité de Biochimie des Régulations Cellulaires (de 1979 à 1996), ont concerné la toxine adenylcyclase de la bactérie Bordetella pertussis, agent de la coqueluche, et son utilisation pour l’immunité cellulaire et les activités protectrices antivirale et antitumorale.
Agnès Ullmann a été chercheuse au CNRS (1962-1996) et à l’Institut Pasteur (1978-1996). Elle était une chercheuse mondialement reconnue pour ses découvertes en biologie moléculaire et a contribué par ses travaux au rayonnement international du CNRS et de l’Institut Pasteur. Elle est auteure de 180 publications scientifiques, éditrice ou coéditrice de 6 livres et 5 brevets. Agnès Ullmann était Chevalier de l‘Ordre National du Mérite, Chevalier de la Légion d’Honneur, récipiendaire de la médaille Louis Pasteur (Académie Française), médaille d’or Robert Koch (Allemagne) et Doctor Honoris Causa de l’Université « Sapienza » de Rome. Elle a été membre de l’EMBO, de l’Académie des Sciences Hongroise et de l’Académie Européenne de Microbiologie (EAM). Elle a été responsable et a participé à de nombreux enseignements (Institut Pasteur, Paris 6, en Grèce, au Brésil et en Inde). C’était une scientifique généreuse qui a toujours fait preuve de bienveillance et ne manquait pas d’apporter son aide aux jeunes chercheurs. C’est un pan de l’histoire de la microbiologie qui nous quitte et sa disparition est une grande perte dans le domaine de la biologie moléculaire.