Quand un lézard devient placentaire
Il est communément admis que les mammifères sont pour la plupart des placentaires, à quelques exceptions près comme l’ornithorynque qui pond encore des œufs. Ce qui est moins connu c'est l’existence de quelques non-mammifères qui possèdent un véritable placenta, finalement très proche de celui des mammifères. C’est le cas d’un lézard des Andes, le Mabuya.
De précédents travaux avaient montré que chez les mammifères, la formation du placenta est rendue possible par les syncytines 1 , des gènes d'origine rétrovirale "capturés" par nos ancêtres et conservés fonctionnels sur des millions d'années d'évolution. Dans la présente étude publiée dans les PNAS, l’équipe de recherche coordonnée par Thierry Heidmann, chercheur CNRS et directeur du laboratoire « Physiologie et pathologie moléculaires des rétrovirus endogènes et infectieux » (CNRS/Université Paris-Sud) à Gustave Roussy, met en évidence que le lézard Mabuya a lui aussi "capturé" une syncytine il y a près de 25 millions d’années. Cette syncytine est proche de celles que l'on trouve chez les mammifères, et sa capture coïncide avec l’apparition de ce lézard très particulier. Ces résultats montrent que ce phénomène de capture et d’utilisation par l’hôte de gènes rétroviraux n’est pas restreint aux seuls mammifères et qu’il est un élément majeur dans la formation du placenta chez les vertébrés. Un exemple de convergence évolutive entre l’homme et le lézard !
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An endogenous retroviral envelope syncytin and its cognate receptor identified in the viviparous placental Mabuya lizard. Guillaume Cornelis*, Mathis Funk*, Cécile Vernochet, Francisca Leal, Oscar Alejandro Tarazona, Guillaume Meurice, Odile Heidmann, Anne Dupressoir, Aurélien Miralles, Martha Patricia Ramirez-Pinilla, and Thierry Heidmann (*co-premiers auteurs). PNAS, 20 novembre 2017.
DOI: 10.1073/pnas.1714590114
- 1http://www.cnrs.fr/insb/recherche/parutions/articles09/t-heidmann.htm