Un bon odorat pour une bonne croissance

Résultats scientifiques

Chez les larves de la mouche drosophile, les acides gras à chaine courte sont attractifs. L’équipe de Yaël Grosjean au Centre des sciences du goût et de l'alimentation, démontre comment s’effectue cette détection et établit qu’elle est suffisante pour déclencher l'alimentation, permettre une meilleure croissance et améliorer la survie. Chez une espèce cousine, ce signal est moins attractif et n'induit pas de comportement alimentaire. Cette étude publiée le 27 octobre 2017 dans la revue Scientific Reports, permet de comprendre comment ces espèces proches recherchent leur nourriture et en tirent profit.

 

Comprendre comment les composés chimiques produits par les bactéries peuvent avoir un impact sur le comportement est fondamental. L’équipe de Yaël Grosjean utilise comme modèle d’étude la drosophile Drosophila melanogaster. Ainsi, la détection olfactive de certains acides gras à chaîne courte (SCFA) bactériens déclenche des comportements opposés chez les larves et les adultes de cette mouche. Il est connu que ces SCFA sont attractifs chez les larves. Par contre, aucune information n'est disponible sur les implications physiologiques et écologiques de cette attraction, ni sur les chimiorécepteurs permettant leur détection.

 

Les chercheurs se sont concentrés sur la compréhension de la détection de ces SCFA, et de leurs conséquences comportementales et physiologiques. Ils ont d'abord déterminé que les réponses attractives dépendent de quatre récepteurs olfactifs. Ils ont ensuite montré  qu'en plus d'induire l'attraction innée, la détection olfactive d’un SCFA (l’acide propanoïque) est suffisante pour déclencher des comportements d'alimentation spécifiques du stade larvaire, un effet qui nécessite l'activité correcte de certains neurones sensoriels olfactifs. De plus, ils ont prouvé que ce SCFA soutient la croissance et améliore significativement la survie des larves dans des conditions d'élevage de pénurie.

 

Les chercheurs ont ensuite étudié le cas d’une espèce proche, Drosophila suzukii, dont les larves vivent dans des fruits non fermentés avec moins de production de ce SCFA. Ils ont constaté qu’il est alors un signal moins attractif et qu’il n'induit pas de comportement alimentaire chez cette mouche. 
En résumé, ces travaux fournissent une image détaillée de la détection d’un SCFA et de ses conséquences physiologiques et comportementales chez les larves de deux espèces cousines de drosophiles. Ces données sont de première importance pour comprendre comment ces espèces proches, qui peuvent avoir des impacts dramatiques sur les cultures fruitières, recherchent leur nourriture et en tirent profit.

 

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Figure. Illustration schématique des différences de niches écologiques occupées par Drosophila melanogaster et Drosophila suzukii. Les adultes de Drosophila melanogaster ont une préférence pour les fruits très mûrs, pourris et en fermentation. En revanche, les adultes de Drosophila suzukii attaquent des fruits frais. Cette étude montre comment leurs larves tirent avantage ou non de ces deux sources alimentaires par la détection olfactive d’acide propanoïque.

© Ana Depetris-Chauvin, Diego Galagovsky et Yael Grosjean
 

 

 

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