Thérapie anti-cancéreuse : une nouvelle approche prometteuse

Résultats scientifiques Physiologie et cancer

De nombreuses recherches sont actuellement menées pour essayer de bloquer le fonctionnement de protéines impliquées dans le cancer. Dans une étude publiée dans Nature Communications, des scientifiques, plutôt que de cibler la fonction d’une seule protéine, ont bloqué la capacité d’interaction entre deux d’entre elles. Les résultats obtenus, dans des modèles souris, montre que cette stratégie permet d’induire la mort des cellules tumorales et aussi d’activer une réponse immunitaire contre la tumeur.

Pour permettre aux cellules cancéreuses de proliférer plusieurs protéines doivent interagir entre elles. Parmi celles-ci, une protéine appelée ERK, importante dans une des voies de signalisation qui entraine la prolifération. Actuellement, des traitements consistent à inhiber la fonction de ERK.  Dans cette étude publiée dans la revue  Nature Communications, les scientifiques ont développé des inhibiteurs pharmacologiques capables de bloquer l’interaction entre ERK et MyD88, une protéine impliquée dans l’inflammation.

Les résultats ont montré que, lorsque l'interaction est bloquée, les cellules cancéreuses, issues de tumeurs de patients, subissent un stress important, ce qui les pousse à mourir. 

Des expériences menées sur des modèles souris montrent que le blocage de l'interaction ERK-MyD88 non seulement réduit la taille des tumeurs, mais stimule aussi une réponse des cellules immunitaires contre ces tumeurs.

Ce travail représente une approche nouvelle: il ne s'agit pas de cibler directement les enzymes impliquées dans la croissance tumorale, mais plutôt les interactions entre protéines. Cette méthode ouvre la voie à de nouveaux traitements anticancéreux plus ciblés, qui pourraient être plus efficaces tout en réduisant les effets secondaires, car ils agissent de manière plus précise. Ces résultats sont actuellement en phase de développement préclinique pour évaluer leur potentiel dans des traitements cliniques futurs.

© I. Coste et T. Renno

Figure : Comparaison des mécanismes d'action des inhibiteurs enzymatiques et des inhibiteurs d'interactions protéiques.
En haut : L'inhibition de l'activité enzymatique de ERK conduit à l'arrêt de la division cellulaire, mais avec un risque de récidive.
En bas : La perturbation des interactions protéiques dans la voie de signalisation impliquant ERK, MEK, MyD88 et d'autres partenaires mène à la mort des cellules cancéreuses et active une réponse immunitaire, offrant un effet thérapeutique plus complet.

En savoir plus : Virard, F., Giraud, S., Bonnet, M. et al. Targeting ERK-MYD88 interaction leads to ERK dysregulation and immunogenic cancer cell death. Nat Commun 15, 7037 (2024). https://doi.org/10.1038/s41467-024-51275-z

Contact

Isabelle Coste
Chargée de recherche

Laboratoire

Centre de recherche en cancérologie de Lyon – CRCL (CNRS/Centre anticancéreux Léon Bérard/Inserm/Université Claude Bernard)
28 rue Laënnec
69008 Lyon – France