SIGLEC-1 : un récepteur qui favorise la dissémination du virus dans la co-infection VIH/tuberculose

Résultats scientifiques Pharmacologie et imagerie

Plus de 1,2 millions d’individus sont co-infectés par le virus du SIDA (VIH-1) et le bacille de la tuberculose (Mycobacterium tuberculosis), et la co-infection VIH/tuberculose est encore responsable de plus de 250 000 décès chaque année. Les deux agents pathogènes forment une association synergique meurtrière qui complique le diagnostic et la prise en charge des patients, et qui est encore mal comprise. Les scientifiques ont identifié une protéine qui, par un mécanisme original, favorise l’aggravation de l’infection par le VIH dans un contexte tuberculeux. Ces résultats ont été publiés  dans la revue eLife.

Par une approche d’analyse de l’expression des gènes à grande échelle, les chercheurs, au sein d'un Laboratoire International Associé avec l'Argentine, ont montré que, dans un contexte tuberculeux, les macrophages, cellules immunitaires qui hébergent à la fois le bacille tuberculeux et le VIH, produisent fortement une protéine appelée Siglec-1. Cette protéine reconnaît des sucres à la surface des cellules et des agents pathogènes, et les scientifiques ont montré qu’elle est capable de lier fortement le VIH, en particulier le long des nanotubes membranaires qu’elle contribue à stabiliser. Les nanotubes sont des ponts intercellulaires dont les chercheurs avaient précédemment montré que la formation est amplifiée dans un contexte de co-infection VIH/tuberculose, et qui sont empruntés par les particules virales pour infecter les macrophages voisins. Ils ont découvert qu’en inhibant l’expression de Siglec-1 par différentes approches, la longueur et la fonction des nanotubes étaient réduites, entrainant ainsi une diminution du transfert du virus entre les macrophages et de la production virale dans son ensemble. Ces résultats démontrant un rôle clef de Siglec-1 dans la transmission du virus d’une cellule à l’autre ont été confortés par des observations chez des singes co-infectés, chez qui l’abondance de macrophages pulmonaires exprimant Siglec-1 est corrélée avec la sévérité de la maladie.

 

Cette étude révèle donc un rôle délétère de Siglec-1 dans un contexte de co-infection VIH/tuberculose. En effet, sa surexpression à la surface des macrophages stabilise les nanotubes membranaires et améliore leur fonction, facilitant le transfert et la dissémination du VIH entre les cellules. L’identification de facteurs contrôlant les nanotubes apparaît ainsi primordial afin d’ouvrir de nouvelles perspectives thérapeutiques pour améliorer le traitement des patients co-infectés, mais aussi dans d’autres contextes pathologiques pour lesquels un rôle des nanotubes a été décrit.

FIGURE
© Maeva Dupont & Christel Vérollet

Figure : Siglec-1 (rouge) est présent sur les nanotubes entre deux macrophages humains (gris) infectés par le VIH-1 (vert) dans un environnement tuberculeux

 

Pour en savoir plus :

Tuberculosis-associated IFN-I induces Siglec-1 on tunneling nanotubes and favors HIV-1 spread in macrophages.
Dupont M, Souriant S, Balboa L, Vu Manh TP, Pingris K, Rousset S, Cougoule C, Rombouts Y, Poincloux R, Ben Neji M, Allers C, Kaushal D, Kuroda MJ, Benet S, Martinez-Picado J, Izquierdo-Useros N, Sasiain MDC, Maridonneau-Parini I, Neyrolles O, Vérollet C, Lugo-Villarino G.

Elife*. 2020 Mar 30;9. pii: e52535. doi: 10.7554/eLife.52535.

Contact

Christel Vérollet
Chercheuse Inserm à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS)
Geanncarlo LUGO VILLARINO
Chercheur CNRS à l'Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS)

Laboratoire

Institut de pharmacologie et de biologie structurale (IPBS) - (CNRS/Université Paul Sabatier)
BP64182 205 route de Narbonne 31077 Toulouse Cedex04