Prix de l'Académie des sciences : les biologistes récompensés

Distinctions

L'Académie des sciences remet chaque année près de quatre-vingt prix couvrant l'ensemble des domaines scientifiques, aussi bien fondamentaux qu'appliqués. Cette année, dix prix décernés impliquent des chercheuses et chercheurs travaillant dans des laboratoires rattachés à l'Institut des sciences biologiques.

Prix de la Fondation Léon Alexandre Etancelin - Fondation de l'Académie des sciences

Renata Basto s’intéresse aux mécanismes qui régulent le nombre de centrosomes et de chromosomes dans les cellules et tissus, et comment ceux-ci peuvent parfois dysfonctionner et causer des pathologies telles que le cancer. Dernièrement des travaux de son équipe ont ainsi identifié pour la première fois de nouvelles anomalies au niveau du centre organisateur des microtubules, le centrosome, dans les cancers de l’ovaire.

Directrice de recherche au CNRS et à l'Institut Curie dans l’unité de Biologie Cellulaire et Cancer à Paris, Renata Basto reçoit le prix Prix de la Fondation Léon Alexandre Etancelin/Fondation de l'Académie des sciences (4 000 €). 

Médaille des applications des sciences

Neuropharmacologue, directrice de recherche émérite Inserm, membre de l’Académie européenne des sciences, Catherine Llorens-Cortes a dirigé pendant plus de 20 ans au Collège de France le laboratoire Neuropeptides centraux et régulations hydriques et cardiovasculaires (Inserm U691), intégré en 2011 dans le Centre interdisciplinaire de recherche en biologie du Collège de France (CNRS / Collège de France / Inserm).

Ses travaux ont conduit à l’identification de nouvelles cibles thérapeutiques pour le traitement de l’hypertension artérielle (HTA), l’insuffisance cardiaque (IC) et l’hyponatrémie. Ils ont permis la découverte de plusieurs molécules d’intérêt thérapeutique et d’initier une recherche innovante allant du laboratoire jusqu’au stade clinique. Ainsi le firibastat, premier inhibiteur l’aminopeptidase A à pénétrer dans le cerveau, en bloquant l’hyperactivité du système rénine-angiotensine cérébral ainsi que l’hyperactivité sympathique, diminue la pression artérielle dans plusieurs modèles expérimentaux d’HTA et améliore la fonction cardiaque dans un modèle d’IC après infarctus du myocarde (IM). Ces données ont été retrouvées dans un essai clinique de phase II chez le patient après un premier IM, ou le traitement par le firibastat prévient le dysfonctionnement ventriculaire gauche avec une bonne tolérance tensionnelle. De plus, la découverte d’analogues de l’apéline tel que le LIT01-196, a montré que l’activation du récepteur de l’apéline par ce composé pourrait constituer une nouvelle approche du traitement de l’hyponatrémie.

Prix de Biologie - Fondation Louise Basset veuve Jules Martin de l'Académie des sciences

L'équipe de Magali Suzanne, en combinant biologie cellulaire, biophysique et modélisation, a largement fait progresser la compréhension des mécanismes par lesquels la mort cellulaire influe sur la structure des tissus. Actuellement, l’équipe explore plus avant les mécanismes qui assurent la préservation des tissus épithéliaux qui protègent et recouvrent l’ensemble de nos organes.

Directrice de recherche CNRS, au Centre de Biologie Intégrative de Toulouse (CNRS, Université Toulouse Paul Sabatier), dans l’unité de biologie Moléculaire, Cellulaire et du Développement (MCD), Magali Suzanne reçoit le Prix de Biologie/Fondation Louise Basset veuve Jules Martin de l'Académie des sciences (5 000 €).

Prix Clément Codron/Fondation de l'Institut de France

Valentina Emiliani a joué un rôle clé dans la révolution de l'optogénétique en introduisant l'utilisation de techniques telles que l'holographie, le contraste de phase généralisé et la focalisation temporelle pour sculpter le volume d'excitation de manière adaptée aux cibles sélectionnées. En combinant ces techniques avec l'optogénétique, elle a réussi à contrôler l'activité neuronale avec une précision spatio-temporelle inégalée. Dirigeant une équipe interdisciplinaire, elle mène des recherches de pointe à l’interface entre la photonique et la neuroscience, ouvrant ainsi la voie à de nouvelles découvertes sur le fonctionnement du cerveau.

Directrice de recherche au CNRS à l'Institut de la vision (CNRS / Inserm / Sorbonne Université), Valentina Emiliani reçoit le Prix Clément Codron/Fondation de l'Institut de France (20 000 €).

Prix Mémain-Pelletier/Fondation de l'Institut de France

Les travaux de Filippo Del Bene se concentrent sur l'étude du système visuel afin de comprendre son développement et son fonctionnement. Dans ses recherches, il utilise des embryons et des larves de poisson zèbre comme modèle pour étudier les circuits neuronaux qui régulent des comportements tels que la fuite face à des stimuli visuels aversifs ou la prédation en présence de proies potentielles. Ses travaux ont également permis de déchiffrer l'évolution de ces circuits chez les vertébrés et leur capacité à s'adapter à différentes conditions environnementales.

Directeur de recherche Inserm, à l'Institut de la Vision (CNRS / Inserm / Sorbonne Université), Filippo Del Bene reçoit le Prix Mémain-Pelletier/Fondation de l'Institut de France (3 000 €).

Prix Emile Jungfleisch

Avec son équipe, Bruno Antonny a montré que la courbure des membranes est une information cellulaire, que le lipide PI(4)P est une monnaie d’échange pour transporter le cholestérol et que les lipides polyinsaturés favorisent la déformation membranaire. Ces découvertes démontrent l’importance de la forme et de la composition des membranes pour la dynamique de la cellule.

Directeur de recherche CNRS à l’Institut de Pharmacologie Moléculaire et cellulaire (CNRS / Université Côte d’Azur), Bruno Antonny reçoit le Prix Emile Jungfleisch (120 000 €).

Prix Jaffé/Fondation de l'Institut de France

Dominique Roby s’intéresse à l’immunité végétale, notamment les étapes précoces de perception de l’agent pathogène et de signalisation conduisant à l’activation des défenses de l’hôte. Elle a notamment mis en lumière les processus moléculaires complexes gouvernant l’immunité quantitative. La santé des plantes étant un enjeu fort, elle a coordonné nombre de contrats nationaux et internationaux, et exercé un rôle majeur dans le développement de cette communauté.

Directrice de recherche CNRS au Laboratoire des Interactions Plantes Microbes Environnement (CNRS / INRAE), Dominique Roby reçoit le Prix Jaffé/Fondation de l'Institut de France (Biologie) (6 850 €). 

Médaille Pasteur/Fondation PREVOT

Olivier Tenaillon et son équipe étudient l'évolution des microorganismes en se concentrant sur Escherichia coli. Ils combinent modèles mathématiques, épidémiologie, évolution des bactéries au laboratoire, séquençage de génomes et génie génétique pour révéler les principes qui régissent l'adaptation bactérienne des échelles cellulaires jusqu’à l’analyse de la diversité présente au sein de l’espèce.

Directeur de recherche Inserm à l’Institut Cochin (Inserm/CNRS/Université Paris Cité) et précédemment à IAME (Inserm/Université Paris Cité/Université Sorbonne Paris Nord), Olivier Tenaillon reçoit la Médaille Pasteur/Fondation PREVOT. 

Prix de Mme Victor Noury/Fondation de l'Institut de France

Rayan Chikhi dirige l'équipe "Algorithmes pour les séquences biologiques" à l'Institut Pasteur. Il s'intéresse à l'informatique appliquée aux données de séquençage ADN. Il a récemment contribué à la découverte de nouvelles espèces de virus à ARN, incluant des coronavirus non répertoriés auparavant. Il coordonne plusieurs projets de recherche nationaux et européens de développement de nouveaux algorithmes, visant notamment à analyser d'immenses bases de données contenant l'ensemble de la diversité génétique terrestre.

Chargé de recherche à l'Institut Pasteur et au CNRS, Rayan Chikhi reçoit le Prix de Mme Victor Noury/Fondation de l'Institut de France (10 000 €).

Prix Tremplin de coopération bilatérale en recherche – ASEAN

Sylvie Manguin étudie les maladies à transmission vectorielle en Asie du Sud-Est et en Afrique. Elle coordonne et participe à des projets européens, internationaux et nationaux portant sur les moustiques et leur rôle dans la transmission de pathogènes (paludisme, dengue) dans un contexte « One Health ». Elle est reconnue internationalement pour ses travaux sur les moustiques vecteurs et le développement de moyens de lutte antivectorielle respectueux de l’environnement.

Directrice de recherche IRD dans l’unité HSM (CNRS / Université de Montpellier / IRD) à Montpellier, Sylvie Manguin reçoit le Prix Tremplin de coopération bilatérale en recherche – ASEAN.