Prix de l’Académie des sciences 2021 : les biologistes récompensés
L'Académie des sciences remet chaque année près de quatre-vingt prix couvrant l'ensemble des domaines scientifiques, aussi bien fondamentaux qu'appliqués. Cette année, dix des soixante-cinq prix décernés impliquent des chercheurs et chercheuses CNRS travaillant dans des laboratoires rattachés à l'Institut des sciences biologiques.
Grand prix Charles-Léopold Mayer
Le grand prix Charles-Léopold Mayer 2021 est décerné à Carsten Janke, biologiste et biochimiste, directeur de recherche CNRS au Laboratoire Intégrité du génome, ARN et cancer (CNRS/Institut Curie) et responsable de l’équipe "Régulation de la dynamique des microtubules par code tubuline".
Ses travaux de recherche portent sur la modulation du cytosquelette microtubulaire par des modifications biochimiques, dites post-traductionnelles. En identifiant une grande partie des enzymes responsables de ces modifications, et étudiant leur fonctions sur les échelles moléculaire, cellulaire, et d’organisme, il a découvert leur importance dans l’homéostasie, et leur implication dans une multitude des maladies, notamment dans la neurodégénérescence. Il est reconnu mondialement pour ces découvertes pionnières et son leadership dans le domaine.
Grand prix de cancérologie de la fondation Simone et Cino Del Duca/fondation de l'Institut de France
Le prix de cancérologie de la fondation Simone et Cino Del Duca de l'Institut de France 2021 est décerné à Céline Vallot, biologiste, directrice de Recherche CNRS au sein du Laboratoire dynamique de l'information génétique : bases fondamentales et cancer (DIG-CANCER, CNRS/Sorbonne Université/Institut Curie) et responsable de l'équipe Single Cell.
Elle s'intéresse aux mécanismes épigénétiques qui permettent l’adaptation des cellules tumorales aux traitements anti-cancéreux. Avec son équipe, elle cartographie les épigénomes des tumeurs cellule par cellule, en alliant biologie computationnelle et moléculaire. Leur objectif est de mieux comprendre les processus d’évolution tumorale afin d’empêcher la résistance au traitement et retarder la récurrence. Ses travaux ont été récompensés par la Médaille de bronze du CNRS en 2018.
Médaille Louis Pasteur – Fondation André-Romain Prévot
Le prix est décerné à Ciarán Condon, (micro)biologiste-biochimiste, directeur de recherche CNRS du Laboratoire d’expression génétique microbienne (CNRS/Université de Paris) de l’Institut de Biologie Physico-Chimique (IBPC, CNRS).
Toute la carrière de Ciarán Condon est consacrée au domaine du métabolisme de l’ARN bactérien, entre le contrôle de l’expression de l’ARN ribosomique chez le paradigme à Gram-négatif E. coli et l’identification d’une dizaine de nouveaux composants de la machinerie de maturation et de dégradation de l’ARN chez le modèle à Gram-positif B. subtilis. Sa recherche pionnière a permis d’établir B. subtilis comme modèle alternatif dans ce domaine et d’ouvrir la voie à des études sur le métabolisme de l’ARN chez les Staphylocoques, Streptocoques et d’autres pathogènes humains importants.
Prix de Mme Victor Noury (née Catherine Victoire Langlais) - Fondation de l'Institut de France
Le prix de Madame Victor Noury (née Catherine Victoire Langlais) - Fondation de l'Institut de France 2021 est décerné à Pierre-Marc Delaux, biologiste, directeur de recherche CNRS de l’équipe "Évolution des interactions plantes – microorganismes" au laboratoire de Recherche en sciences végétales (Université Toulouse III-Paul Sabatier/CNRS).
Avec son équipe il s’intéresse à l’origine des interactions bénéfiques entre les plantes et leur microbiote, et aux changements génétiques permettant leur apparition et leur perte au cours de l’évolution. Ces travaux, rendus possible par le séquençage de nouveaux génomes de plantes et leur comparaison, ouvrent la voie au développement de nouvelles symbioses par biologie synthétique. Ils ont été récompensés par la Médaille de bronze du CNRS 2019.
Prix des Sciences de la mer-IFREMER
Le prix des Sciences de la mer-IFREMER 2021 est décerné à Angela Falciatore, directrice de recherche CNRS au sein du Laboratoire biologie du chloroplaste et perception de la lumière chez les micro-algues (CNRS/Sorbonne Université) de l’Institut de Biologie Physico-Chimique de Paris (IBPC, CNRS).
Ses études sur les diatomées ont permis la caractérisation de nouveaux photorécepteurs régulant l’acclimatation des microalgues dans les environnements marins, de mécanismes de photoprotection de l'appareil photosynthétique originaux, et l'existence d'une horloge circadienne aux composants atypiques. Ces avancées ouvrent des perspectives nouvelles pour la compréhension des mécanismes qui contrôlent l'abondance et la distribution du phytoplancton dans l'océan.
Prix du Dr et de Mme Henri Labbé
Le prix est décerné à Andrey Klymchenko, chimiste, directeur de recherche CNRS de l’équipe Nanochimie et Bioimagerie du Laboratoire de bioimagerie et pathologies (Université de Strasbourg/CNRS).
À l’interface entre chimie et biologie, il conçoit des molécules et nanoparticules fonctionnelles - sondes fluorescentes. Il a mis au point des concepts universels de détection et de bioimagerie par des sondes moléculaires sensibles à leur environnement et développe des nanoparticules fluorescentes d’une brillance sans précédent à base de polymères et de lipides pour le diagnostic du cancer. Ses travaux ont été récompensés par la Médaille de bronze du CNRS en 2010.
Prix du Dr et de Mme Peyré
Le prix est décerné à Yolanda Prezado, physicienne médicale, directrice de recherche CNRS au sein du Laboratoire signalisation, radiobiologie et cancer (CNRS/Institut Curie/Université Paris-Saclay/Inserm) et responsable de l’équipe de recherche "Nouvelles approches en radiothérapie".
Ses travaux portent sur l’avancement de la radiothérapie. Elle est la conceptrice d’une nouvelle technique de radiothérapie, la radiothérapie par mini-faisceaux de protons (pMBRT). Cette technique est très prometteuse pour le traitement des tumeurs radioresistantes et de mauvais pronostique, tels que les gliomes d’haut grade. La pMBRT a montré dans des études précliniques une augmentation très importante de l’indice thérapeutique pour des tumeurs cérébrales. Des essais cliniques sont en préparation.
Prix Foulon
Le prix est décerné à Brice Bathellier, physicien spécialisé en neurosciences, directeur de recherche CNRS à l’Institut de l’Audition (Institut Pasteur/Inserm).
Sa recherche s'intéresse aux mécanismes centraux de la perception auditive en combinant l’observation et la manipulation optique ou électrique de l’activité de grands ensembles neuronaux avec la modélisation mathématique. Ses travaux ont permis de mieux comprendre le codage de l’information auditive par le cortex cérébral et son rôle causal dans la perception.
Prix Jaffé - Fondation de l’Institut de France
Le prix est décerné à François-Loïc Cosset, microbiologiste, directeur de recherche CNRS du Centre international de recherche en infectiologie (Inserm/CNRS/ENS Lyon/Université Claude Bernard Lyon 1).
En comparant des espèces différentes de virus, il cherche avec son équipe à comprendre comment certains pathogènes viraux "humains" peuvent établir des infections aiguës ou persistantes, et comment ces virus passent des animaux à l'homme. Ses travaux de recherche ont également permis de mettre au point des biothérapies innovantes contre des maladies chroniques qui sont évaluées en thérapie génique et immunothérapie.
Prix Leconte
Le prix est décerné à Emmanuelle Bayer, biologiste végétale, directrice de recherche CNRS de l’équipe Communication intercellulaire médiée par les Plasmodesmes du Laboratoire de biogenèse membranaire (Université de Bordeaux/CNRS).
Ses travaux portent sur l'étude de la communication intercellulaire chez les plantes, plus précisément ils s’intéressent à des structures nanoscopiques, uniques au règne végétal appelées plasmodesmes, sortes de « petits ponts » reliant les cellules entre elles et leur permettant de communiquer. Ils ont permis de mettre en lumière la singularité de ce réseau de communication, des éléments moléculaires le composant, son importance dans les échanges intercellulaires en lien avec les processus de développement, et de croissance des plantes. Ils ont été récompensés par la Médaille de bronze du CNRS en 2018.