Les souris utilisent aussi des réseaux sociaux pour favoriser les interactions: #Insula

Résultats scientifiques Neuroscience, cognition

Dans un article publié dans Nature Communications, des scientifiques montrent, chez la souris, le rôle essentiel d’un sous-groupe de neurones localisé dans l’Insula, une partie du cortex cérébral, qui favorise les interactions sociales après une période d’isolement chez les souris.

Le cortex insulaire joue un rôle clé dans la perception des émotions, la régulation des fonctions corporelles internes (comme le rythme cardiaque) et la conscience de soi. Les rôles variés de l’Insula s’expliquent notamment par la diversité des neurones qui la composent. Ainsi étudier les différentes populations de neurones de l’Insula permettra de mieux comprendre le fonctionnement complexe de ce cortex. Dans une étude publiée dans la revue Nature Communications, les scientifiques ont exploré une connexion neuronale encore méconnue : la projection interhémisphérique de l’Insula. Ces neurones, qu’ils ont dénommés InsulaIns, relient les Insulas des deux hémisphères cérébraux à deux structures cruciales dans le contrôle de l’anxiété: l’amygdale centrale (CeA) et le noyau du lit de la strie terminale (BNST). Ce réseau forme un circuit multisensoriel essentiel au traitement des informations sociales et émotionnelles.

Grâce à des techniques avancées comme la neuroanatomie par traçage viral (visualisation des neurones et de leurs connections), l'électrophysiologie (enregistrement de la communication électrique  entre les  neurones),  la photométrie de fibres (enregistrement de l’activité calcique des neurones) et des manipulations ciblées de circuits neuronaux, les scientifiques ont étudié comment les Insulas communiquent entre elles et influencent la perception des interactions sociales en fonction du niveau d’anxiété chez les souris.

Ils ont d'abord identifié le profil anatomique et moléculaire des neurones InsulaIns. puis, démontré que la stimulation de ces neurones déclenche une excitation dans le circuit reliant les Insulas des deux hémisphères. Enfin, ils ont découvert que ces neurones sont essentiels pour promouvoir les interactions sociales après un isolement de 24 heures chez des souris mâles.

En résumé, ces résultats démontrent que les neurones InsulaIns forment une population neuronale distincte, jouant un rôle central dans les comportements sociaux. Cette recherche pourrait avoir des implications importantes pour mieux comprendre les troubles du spectre autistique et les troubles anxieux, souvent associés à des dysfonctionnements de l'Insula et à des défauts d'intégration sensorielle. Ce travail souligne l'importance de la communication interhémisphérique dans le traitement des comportements sociaux et des émotions, et suggère que des altérations dans cette communication pourraient contribuer à des déficits sociaux.  Ainsi, ces résultats ouvrent de nouvelles perspectives pour comprendre les bases neurobiologiques des interactions sociales et des troubles anxieux.

© C. Glangetas, A. Guillaumin, E. Ladevèze, A. Braine, M. Gauthier, L. Bonamy, E. Doudnikoff, T. Dhellemmes, M. Landry, E. Bézard, S. Caille, A. Taupignon, J. Baufreton, F. Georges

Figure : Communication entre les Deux Insula chez la souris.
a. Image prise avec un microscope à épifluorescence d’une coupe coronale de cerveau de souris montrant des neurones de l’Insula projetant à l’Insula contralatéral (InsulaIns), identifiés par l'expression d'une protéine fluorescente (marquage magenta, échelle 500 µm). b. Photo à plus fort grossissement de ces neurones InsulaIns (échelle 25 µm). c. Image représentative obtenue avec de la microscopie électronique montrant une zone de communication, une synapse entre les deux Insula (en magenta, une terminaison nerveuse provenant d’un neurone d’une Insula appelée « présynapse » pouvant libérer un neurotransmetteur excitateur le glutamate au niveau d’un neurone en bleu, «postsynapse»,localisé dans l’Insula de l’autre hémisphère). d. Exemple d’un enregistrement de la communication électrique entre les deux Insula. La stimulation d’une Insula évoque la libération du glutamate au niveau de l’autre Insula et provoque l’apparition d’un signal électrique appelé potentiel d’action. La communication électrique entre les deux Insula chez la souris se fait en moyenne en 10 millisecondes.

Pour en savoir plus :
A population of Insula neurons encodes for social preference only after acute social isolation in mice
C. Glangetas, A. Guillaumin, E. Ladevèze, A. Braine, M. Gauthier, L. Bonamy, E. Doudnikoff, T. Dhellemmes, M. Landry, E. Bézard, S. Caille, A. Taupignon, J. Baufreton, F. Georges
Nature Communications, 21 août 2024. DOI : https://doi.org/10.1038/s41467-024-51389-4

Contact

Christelle Glangetas
Chercheuse post-doctorante à l’Université de Bordeaux

Laboratoire

Institut des Maladies Neurodégénératives (CNRS / Université de Bordeaux)
Centre Broca Nouvelle-Aquitaine
146 rue Léo Saignat
Centre Broca
33076 Bordeaux