Les enfants qui ont de bonnes capacités d'attention visuelle apprennent à lire plus facilement
Les enfants ne sont pas tous égaux face à l’apprentissage de la lecture. Posséder de bonnes compétences langagières et une bonne connaissance des lettres facilite l’apprentissage de la lecture. Mais lire requiert d’identifier des lettres en séquence, ce qui mobilise l’attention visuelle. Les chercheurs montrent que l’empan visuo-attentionnel d’enfants pré-lecteurs est prédictif de leur niveau de lecture en fin de CP. Cette étude est publiée dans la revue Vision Research.
De nombreuses recherches en sciences cognitives s'intéressent aux pré-requis de l'apprentissage de la lecture. Leur objectif est d'identifier les mécanismes cognitifs qui sont indispensables à l'apprentissage de la lecture et qui, s'ils étaient entraînés précocement en classe, pourraient permettre de prévenir les difficultés d'apprentissage que rencontrent encore un trop grand nombre d'élèves. On a ainsi pu montrer que les enfants pré-lecteurs qui ont une bonne maîtrise du langage oral, qui connaissent le nom des lettres et qui sont capables de traiter les unités phonologiques qui composent les mots à l'oral (syllabes, rimes, phonèmes) apprennent à lire plus facilement. Mais apprendre à lire mobilise également des traitements visuels et visuo-attentionnels.
Un mot est un objet visuel complexe. Identifier de petits objets visuels, les lettres, qui sont proches les uns des autres dans la séquence du mot représente un défi pour notre système visuel. C’est là que l’attention visuelle entre en jeu. Le déploiement de l’attention sur la séquence à lire permet d’identifier plus efficacement les lettres qui la composent. Les chercheurs se sont donc intéressés à l’impact des capacités d’attention visuelle sur l'apprentissage de la lecture.
L'étude a porté sur 124 enfants scolarisés en grande section de maternelle. Les capacités d'empan visuo-attentionnel (VA) de chaque enfant, c.a.d. le nombre d’éléments visuels (ici, des chiffres) qu’ils sont capables de traiter simultanément, donnent une estimation des ressources attentionnelles qui sont déployées lors du traitement. Les chercheurs ont également évalué le niveau cognitif général des enfants et leurs compétences dans différentes dimensions impliquées dans l’apprentissage de la lecture. Le niveau de lecture de ces mêmes élèves a été évalué l’année suivante, en fin de CP.
Le niveau d’empan VA mesuré en maternelle contribue à expliquer le niveau de lecture en fin de CP, indépendamment des autres dimensions impliquées dans l’apprentissage de la lecture. Les enfants qui ont de meilleures capacités d’attention visuelle avant l’entrée en CP ont de meilleures performances en lecture en fin d’année. Ils sont à la fois plus rapides et font moins d’erreurs en lecture que les enfants dont les capacités d’attention visuelle sont initialement plus faibles.
Ces résultats suggèrent qu'un entraînement des capacités d’empan visuo-attentionnel devrait favoriser l'apprentissage de la lecture. Des travaux sont en cours pour vérifier l’efficacité de tels entraînements (www.fluence.cnrs.fr) et diffuser auprès des enseignants des outils efficaces pour la prévention des difficultés d’apprentissage.
Pour en savoir plus :
Visual attention modulates reading acquisition.
Valdois S, Roulin JL, Bosse ML.
Vision Res. 2019 Dec;165:152-161. doi: 10.1016/j.visres.2019.10.011. Epub 2019 Nov 18.