Les bases cérébrales de la motivation altruiste pour son propre groupe social
Comment notre cerveau représente-t-il la motivation altruiste pour des individus de notre groupesocial? L’équipe de Jean-Claude Dreher à l’Institut des sciences cognitives, en collaboration avecl’équipe de Jorge Moll de l’Institut d’Or à Rio de Janeiro, montre que la motivation altruiste pour sonpropre groupe par rapport à un groupe extérieur au sien, engage une région nommée le cortexcingulaire subgénual, qui est aussi engagée dans les liens d’affiliation et de parenté. Cette étude aété publiée le 23 Novembre 2017 dans la revue Scientific Reports.
Les hommes ont un besoin d'appartenir à des groupes sociaux et une tendance naturelle à favoriser leur propre groupe. Bien que les mécanismes neurobiologiques à l'origine des décisions altruistes aient été largement étudiés chez l’homme, les systèmes cérébraux spécifiques liant l'appartenance à un groupe et la motivation altruiste restent à identifier.
Dans cette étude d’imagerie cérébrale fonctionnelle, Tiago Bortolini, Jean-Claude Dreher, Jorge Moll et leurs collègues ont étudié les mécanismes cérébraux sous-tendant la motivation altruiste pour son groupe dans un cadre écologique (i.e. le groupe avait une signification dans la vie de tous les jours). Pour cela, l'appartenance à un groupe a été étudiée dans un contexte où les participants étaient sélectionnés pour être des supporters d’un certaine équipe de football. La motivation altruiste était mesurée par un effort physique (appui sur un capteur de force à l’intérieur d'un scanner), qui menait à gagner un montant d’argent proportionnel à cet effort, soit (i) pour soi-même, (ii) pour des supporters anonymes de son équipe de foot, ou (iii) pour un groupe neutre de personnes anonymes non supporter de son équipe de foot (Figure A).
Alors que dans ces trois conditions, la motivation pour gagner de l’argent pour soi-même ou autrui, engageait la partie médiale du cortex orbitofrontal (mOFC) (Figure B), le cortex cingulaire subgénual (SCC) présentait une connectivité fonctionnelle accrue avec le mOFC ainsi que des réponses plus fortes pour les décisions altruistes réalisées pour son groupe par rapport à un groupe extérieur (Figure C, droit).
Ces résultats indiquent un rôle clef du SCC dans la motivation pour son groupe, une région précédemment impliquée dans les comportements altruistes mais aussi d’attachement et d’affiliation. Ces résultats indiquent que la motivation altruiste pour des individus d’un groupe culturel donné engage des régions cérébrales qui intègrent des mécanismes motivationnels (mOFC) et d’affiliation (SCC) à ce groupe. Ils permettent de mieux comprendre les bases cérébrales des liens entre motivation et attachement pour un groupe culturel, un universel humain qui se manifeste par des phénomènes d’appartenance à ce groupe qui peuvent mener au fanatisme.
En savoir plus
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Neural bases of ingroup altruistic motivation in soccer fans.
Bortolini T, Bado P, Hoefle S, Engel A, Zahn R, de Oliveira Souza R, Dreher JC*, Moll J*.
Sci Rep. 2017 Nov 23;7(1):16122. doi: 10.1038/s41598-017-15385-7.
* Les auteurs ont contribué de façon égale.