Julie Déchanet-Merville, directrice de l'unité Immunologie conceptuelle, expérimentale et translationnelle

Distinctions Immunologie, infectiologie

Chercheuse en immunologie, Julie Déchanet-Merville a reçu la médaille d’argent du CNRS en 2023. Ses recherches se focalisent sur les réponses immunitaires impliquées dans le contrôle des infections par le cytomégalovirus survenant chez les patients immunosupprimés.

Julie s’attelle à comprendre l’action de certains lymphocytes dans les maladies infectieuses, le cancer ou suite à une transplantation d’organe. En ce sens, elle recherche in vitro et in vivo les mécanismes d’activation de ces cellules et notamment les antigènes activateurs exprimés sur les cellules malades et qui pourraient servir au développement d’immunothérapies. En parallèle, Julie contribue au déploiement de la seule unité de recherche en immunologie à Bordeaux qu’elle dirige. 

Pour Julie, cette journée est importante pour aider à corriger une situation inquiètante qui est la désaffection des filles pour les études scientifiques et la difficulté qu’elles ont à atteindre les postes les plus élevés lorsqu‘elles s’engagent dans ce type de carrière. Cette journée a notamment pour intérêt de promouvoir la science auprès des femmes et filles ainsi que de les inciter à s’orienter vers des formations scientifiques qu’elles ont probablement plus tendance à délaisser. Leur proposer des figures féminines de science auxquelles elles peuvent s’identifier pourrait avoir un effet stimulant et rassurant pour les inciter à se diriger vers un métier scientifique.

« J’ai pu croiser sur mon chemin des enseignantes et chercheuses qui ont été des figures féminines fortes.»
 

Au cours de son parcours universitaire et lors de l’évolution de sa carrière scientifique, Julie n’a pas eu le sentiment d’être défavorisée. Elle se dit chanceuse d’avoir pu croiser sur son chemin des enseignantes et chercheuses qui ont été des figures féminines fortes, la confortant, même inconsciemment, dans l’idée de poursuivre ses objectifs de thèse. « Certaines ont été des modèles pour moi mais j’ai également souvent ressenti beaucoup plus de capacité d’écoute et de soutien de la part des femmes. »

 Julie rencontre des difficultés, comme beaucoup de femmes, pour conjuguer son rôle de mère et sa vie professionnelle. Motivée par son travail de recherche et encouragée par ses collègues et proches, elle est consciente de bénéficier d’un milieu favorable pour persévérer dans le milieu de la recherche.

Les circonstances de ma progression professionnelle au sein d’un petit groupe dans une ambiance conviviale, groupe qui s’est ensuite étoffé pour devenir une équipe puis une unité, a également très probablement constitué un terreau favorable et favorisé mon envie de poursuivre.

L’égalité femme/homme, passe encore trop souvent par une politique de quotas qui n’est pas idéale
 

Julie a remarqué une prise en considération par les institutions de l’importance pour la société de promouvoir l’égalité femme/homme, mais déplore que les moyens mis en place pour atteindre cet objectif passent encore trop souvent par une politique de quotas qui n’est pas idéale. Cependant de plus en plus de femmes s’engagent dans des carrières scientifiques et obtiennent des postes à responsabilité. « Je vois par exemple de plus en plus de femmes directrices d’unité, mais elles restent encore très largement minoritaires ».

Il reste beaucoup à faire pour atteindre une véritable égalité dans les postes les plus élevés hiérarchiquement. De plus, un équilibre entre les hommes et les femmes dans les unités de recherche et dans les structures de management est important pour promouvoir l'efficacité, la modernité, l'innovation, la compétitivité, une saine diversité des perspectives et une atmosphère de travail agréable.

Pour Julie, la motivation est un facteur essentiel à ce qu’une étudiante poursuive une carrière scientifique. « Si j’avais un conseil à donner aux étudiantes se serait de prendre contact avec des personnes ayant suivi un parcours similaire et qui souhaitent transmettre cette passion que nous, chercheuses et chercheurs, avons pour la science et pour tout ce qu’elle implique en terme d’innovation et de production de connaissance. », conclut la chercheuse.