Hommage à Susanne Bolte

Hommages

Nous voulons saluer la mémoire de notre collègue Dr. Susanne Bolte dont nous venons d’apprendre la disparition au terme d’une lutte très courageuse contre la maladie.

Susanne Bolte, allemande d’origine, avait fait des études de Biologie végétale et biologie pharmaceutique à Würzburg puis une thèse en biologie végétale à Würzburg et Bielefeld qui l’avait conduite à identifier une petite G-protéine impliquée dans le stress salin. Elle a ensuite réalisé un post-doctorat en France à l’Institut des sciences végétales de Gif/Yvette, dans l’équipe de Béatrice Satiat-Jeunemaître chez qui elle a étudié le rôle des G-protéines de la classe des Rab dans le trafic intracellulaire chez les plantes. Ce post-doctorat lui a donné le goût pour l’imagerie et l’a décidée à prendre la responsabilité d’une plateforme d’imagerie, d’abord à Gif/Yvette puis à l’Institut de biologie Paris Seine (IBPS) au sein de Sorbonne Université. C’est au sein de ce dernier institut que Susanne Bolte a donné la pleine mesure de son expertise en imagerie, de ses talents d’organisation, de sa capacité à convaincre et entraîner son équipe d’ingénieurs.

Susanne Bolte a fait grandir la plateforme d’imagerie de l’IBPS de manière spectaculaire, aussi bien en termes de nombre d’utilisateurs que du nombre d’équipements de pointe, sachant faire en sorte que la plateforme puisse s’adapter à un grand nombre de modèles et de tissus. Elle avait un talent particulier pour réunir les financements et convaincre aussi bien les équipes que les interlocuteurs des tutelles de soutenir ses demandes. En outre Susanne avait à cœur de montrer que sa plateforme était très active dans le domaine du développement méthodologique. Elle avait au début de son activité de responsable de plateforme poussé les outils pour quantifier la co-localisation de marqueurs fluorescents (article Bolte S and Cordelieres FF (2006) J Microsc 224(Pt 3): 213-32) cité plus de 1 000 fois. Depuis elle n’a eu de cesse de développer d’autres outils d’analyse de localisation spatiale, de développement de sonde permettant d’améliorer la résolution, de transparisation des tissus (23 publications à son actif dont 9 de la plateforme ces dernières années). Le fait que deux ingénieurs travaillant au sein de sa plateforme aient obtenu le Cristal du CNRS témoigne aussi de sa capacité à motiver son équipe et de les guider vers des objectifs ambitieux. Elle savait aussi partager son expertise en organisant des formations Inserm et CNRS-entreprise, en participant à des cours européens ou en intervenant très régulièrement à l’école thématique MIFOBIO.

Les talents de Susanne Bolte ne s’arrêtaient pas aux contours de sa plateforme. Elle était adjointe du directeur de l’IBPS pour le département des plateformes, pour lequel elle avait développé une véritable vision. Elle avait également pris la direction du réseau de plateformes d’imagerie de Sorbonne Université, et porté la labellisation IBISA de ce réseau. De plus, elle savait distiller son esprit positif et son énergie au service de ses collègues. En particulier, membre nommée pendant cinq ans des Commissions administratives paritaires (CAP) du CNRS pour les promotions ingénieures et ingénieur d'étude (IE), elle faisait profiter ses collègues de son expérience et de sa grande humanité. Elle avait mené une carrière remarquable dont le CNRS avait reconnu la qualité en la promouvant régulièrement jusqu’au grade d'ingénieure de recherche hors classe.

Nous perdons une collègue exceptionnelle et lumineuse, dont le courage face à la maladie jusqu’aux derniers jours force l’admiration. Susanne était un modèle.