Hommage à Philippe Ascher

Hommages

Philippe Ascher s'est éteint le 4 octobre 2022. Il laisse une œuvre scientifique de tout premier ordre, et aussi, une profonde influence sur l'enseignement et la recherche dans tout le domaine de la biologie française.

La recherche de Philippe Ascher porte sur la transmission synaptique. En 1984, son équipe montre que les ions Mg2+ extracellulaires bloquent les canaux ioniques associés aux récepteurs NMDA (une sous-catégorie de récepteurs au glutamate). Cette découverte a eu une importance capitale, notamment parce qu'elle a donné la clé des mécanismes cellulaires responsables du changement de force synaptique appelé LTP (long term potentiation), ce qui a ouvert la voie à de nombreuses études sur les mécanismes de la mémoire et de l'apprentissage.

En 1987, Johnson et Ascher démontrent que l'ouverture des canaux NMDA nécessite non seulement la présence de glutamate mais aussi d'un autre neurotransmetteur, la glycine. Il s'agit d'une autre découverte révolutionnaire dont les conséquences continuent à être activement explorées aujourd'hui.

Philippe Ascher a eu une influence considérable sur le système d'enseignement et de recherche français au-delà de sa propre recherche. Au début des années 1970, il fonde avec son épouse Jacsue Kehoe et plusieurs autres collègues le Laboratoire de neurobiologie de l'ENS, un assemblage harmonieux de petites équipes indépendantes thématiquement, riche en interactions scientifiques. Au cours des années 1980, il développe l'Institut de biologie à l'ENS, également basé sur une association de petits laboratoires indépendants. Il initie aussi une rénovation en profondeur du système d'enseignement de la biologie à l'ENS. Il est finalement un cofondateur de l'Ecole de l'Inserm, qui permet de combiner des études de médecine ou de pharmacie avec la recherche fondamentale.

Philippe Ascher était un mentor chaleureux, plein de bienveillance et d'humour, qui a prodigué des conseils à des générations d'étudiants et de jeunes chercheurs à l'ENS ainsi que dans toute la communauté scientifique française -et internationale. Il a montré qu'une recherche modeste, menée par juste deux personnes, sans moyens onéreux, pouvait conquérir le monde. Son exemple servira longtemps de motivation à ses nombreux collègues et amis.