Hommage à Agnès Delahodde

Hommages

C’est avec une émotion très vive et une douleur immense que nous faisons part du décès soudain d’Agnès Delahodde, survenu le 8 novembre 2020. Agnès était unanimement appréciée et respectée de tous pour ses très grandes qualités humaines et scientifiques.

Agnès Delahodde a débuté sa carrière au Centre de Génétique Moléculaire de Gif-sur-Yvette par une thèse sous la direction de Claude Jacq. Elle montre en particulier qu’une des protéines codées par les introns mitochondriaux de levure possède une activité endonucléase. Elle est recrutée au CNRS après sa thèse, et rejoint avec Claude Jacq l’Ecole Normale Supérieure à Paris, où elle étudiera pendant 10 ans des pompes d’efflux de drogues, les protéines PDR de levure.

Entre 2000 et 2002 elle effectue un séjour sabbatique dans l’équipe de Stephen Johnston (Dallas, USA) où elle s’intéresse au protéasome et contribuera à mettre au point la technique du ChIP-on-chip.

A son retour en France, Agnès rejoint l’équipe de Monique Bolotin-Fukuhara à l’Institut de Génétique et Microbiologie à Orsay, où elle fonde ensuite son équipe consacrée à l’étude des fonctions et dysfonctions des mitochondries. Elle examine les relations entre protéasome et mitochondrie et débute aussi avec Agnès Rötig à l’Hôpital Necker une collaboration étroite, qui se poursuivra tout le long de sa carrière. Dans ce cadre, elle exploite la similarité entre la levure et l’homme pour démontrer le caractère pathogène de mutations dans une dizaine de gènes nucléaires humains et prouver leur implication dans des maladies mitochondriales. Outre le système levure, elle développe l’étude du nématode C. elegans pour découvrir de nouveaux gènes impliqués dans les fonctions mitochondriales.  

Forte de ces modèles puissants et de ses connaissances sur les protéines PDR, Agnès a fait partie d’un réseau d’équipes financées par la Fondation pour la Recherche Médicale puis l’Association Française contre les Myopathies. Ce consortium vise à identifier des molécules-médicaments par repositionnement thérapeutique afin d’améliorer le quotidien des malades atteints de maladies mitochondriales. Ainsi depuis 15 ans, elle a constamment œuvré pour relier ses travaux très fondamentaux à des questions sociétales importantes en faisant le pont entre recherche académique et recherche médicale.

Toujours disponible et au service de la collectivité, Agnès a été directrice adjointe du Département de Biologie Cellulaire depuis la création de l'I2BC en 2015 et était membre de la Cellule "Déontologie et Intégrité scientifique" de l’Unité depuis 2020.

Tournée vers les autres, Agnès était une personnalité solaire, pleine de vie et passionnée par son métier. Son décès laisse un grand vide pour toute la communauté travaillant sur les dysfonctionnements mitochondriaux et pour les nombreux étudiants qu’elle a formés et accompagnés pendant toutes ces années, en conjuguant excellence et bienveillance.