Comment les parasites font-ils des filles ?

Résultats scientifiques Biologie cellulaire

La pathogénicité des parasites causant la toxoplasmose ou le paludisme repose sur leur capacité à se multiplier. Comprendre les mécanismes permettant l’organisation et la coordination de la division chez ces parasites est donc essentiel pour les combattre. Cet article, publié dans la revue Nature Communications, apporte des réponses à la question en identifiant une protéine qui coordonne la division et dicte le bon moment pour produire les parasites filles.

Toxoplasma gondii est le parasite responsable de la toxoplasmose, une maladie qui peut être fatale lorsque le fœtus est infecté ou pour les patients immuno-déficients. Ce parasite appartient à la famille des Apicomplexes qui contient d’autres parasites d’importance médicale comme Plasmodium (responsable du paludisme) ou Cryptosporidium (cryptosporidiose). T. gondii est un bon modèle pour étudier les mécanismes fondamentaux de la division de parasites apicomplexes, notamment grâce à la facilité de le modifier génétiquement. La pathogénicité de ces parasites repose sur leur capacité à se diviser pour proliférer dans l’organisme. Ils ont pour cela "inventé" des modes de division simplifiés afin de se multiplier efficacement et rapidement tout en produisant un nombre important de parasites filles. Les mécanismes permettant l’organisation et la coordination de ces modes de division sont donc essentiels à la capacité de ces parasites à proliférer dans l’organisme et donc à leur survie chez l’homme.

Les scientifiques ont mis en évidence un facteur de transcription qui permet de contrôler et coordonner la division du parasite. En absence de cette protéine, le parasite n’est plus capable de produire des parasites filles. Ce facteur de transcription contrôle non seulement la production des parasites filles mais aussi l’expression d’autres facteurs de transcription qui sont responsables de la bonne continuation du cycle de division, faisant de cette protéine un régulateur clef de la division chez ce parasite. De plus, la présence ou l’absence de cette protéine détermine la flexibilité du parasite par rapport aux différents modes de division simplifiés. Pour finir, cette protéine décide aussi du destin du parasite dans l’hôte et permet de choisir entre la prolifération rapide (phase aigüe de la maladie) ou un mode de vie qui permet l’apparition de formes latentes du parasite.

Cette étude permet de mieux comprendre comment ces parasites ont pu évoluer vers des modes de division flexibles leur permettant de proliférer dans un grand nombre d’organismes. Cette protéine est donc une clé de voute de la pathogénicité du parasite et contrôle aussi son destin chez l’hôte. Ces résultats améliorent la compréhension des mécanismes de division chez cette famille de parasites.

FIGURE
© Mathieu Gissot

Figure : Images réalisée par microscopie confocale montrant l'expression de la protéine TgAP2IX-5 pendant le cycle cellulaire du parasite. TgCentrin1, TgChromo1 et TgISP1 ont été utilisés comme marqueurs du cycle cellulaire. La phase approximative du cycle cellulaire est indiquée sur le côté droit de la figure.

 

Pour en savoir plus:

TgAP2IX-5 is a key transcriptional regulator of the asexual cell cycle division in Toxoplasma gondii.
Asma S. Khelifa, Cecilia Guillen Sanchez, Kevin M. Lesage, Ludovic Huot, Thomas Mouveaux, Pierre Pericard, Nicolas Barois, Helene Touzet, Guillemette Marot, Emmanuel Roger et Mathieu Gissot.

Nature Communications 7 Janvier 2021. https://doi.org/10.1038/s41467-020-20216-x

Contact

Mathieu Gissot
Chercheur CNRS au Centre d’infection et d’immunité de Lille

Laboratoire

Centre d’infection et d’immunité de Lille (CIIL) - (CNRS/Inserm/Institut Pasteur de Lille/CHU de Lille/Université de Lille)
1, rue du Pr. Calmette, 59000 Lille