Chez la souris, le régime alimentaire du père détermine le comportement de sa descendance
La santé de nos enfants est-elle influencée par notre mode de vie avant de les concevoir ? Dans un article publié dans la revue Nature Communications, les scientifiques montrent que le régime alimentaire des souris mâles détermine le comportement de leur descendance. Ainsi, des souris mâles nourries avec un régime pauvre en protéines avant de s’accoupler avec des femelles sous régime standard ont plus de descendants mâles avec des comportements anxieux.
Chez la souris, le régime alimentaire du père détermine le comportement de sa descendance
Dans cette étude, publiée dans la revue Nature Communications, les scientifiques révèlent que l'équilibre des macronutriments dans le régime alimentaire de souris mâles affecte le comportement anxieux de leurs descendance mâle et la santé métabolique de leurs descendance femelle.
Cette recherche vise à mieux comprendre l'effet du régime alimentaire d'une génération sur la génération suivante par les spermatozoïdes du père.
Des études précédentes avaient montré que l’excès de prise alimentaire ou un déficit sévère en calorie avant de concevoir pouvait affecter le métabolisme et le comportement de la descendance, ainsi que le risque de développer des cancers. Dans cette étude, il est montré que le type et la composition du régime alimentaire des souris mâles avant leur accouplement a différents types d'impacts sur la santé de leur descendance.
Les scientifiques ont nourri des souris mâles avec dix régimes alimentaires constitués de proportions variables en protéines, lipides et glucides. Ils ont ensuite laissé les mâles s’accoupler avec des femelles nourries avec un régime standard. Le comportement et la physiologie des portées générées par les animaux ont ensuite été étudiés.
La composition alimentaire aussi importante que le nombre de calories
Les scientifiques ont découvert que les souris mâles nourries avec un régime pauvre en protéines et riche en glucides avaient plus de descendants mâles avec des comportement anxieux, mesurés par le temps que les animaux ont passé dans des zones « anxiogène » d’un labyrinthe surélevé. Ils ont également observé que les souris mâles nourries avec un régime riche en graisses avaient davantage de descendance femelle avec des niveaux plus élevés de graisse corporelle ainsi que des marqueurs associés au développement de maladies métaboliques.
« Notre étude montre que le type de régime alimentaire consommé avant la conception peut programmer des traits particuliers chez la génération suivante », a déclaré le Professeur Romain Barrès, co-dernier auteur de l’étude.
« Il est surprenant d’observer qu'en ajustant les mélanges de protéines, de graisses et de glucides dans le régime du père, nous puissions influencer des caractéristiques spécifiques de la santé et du comportement de sa progéniture. Il y a ici un phénomène biologique important qui est en jeu », a déclaré le Professeur Stephen Simpson, autre co-auteur de l’étude.
Les scientifiques ont également observé que les mâles nourris avec un régime pauvre en protéines consommaient également d’avantage de nourriture. Ils ont pu déterminer que la quantité de calories consommées, en plus de la composition en macronutriments des régimes des mâles, influençaient aussi la santé de leur progéniture.
« Notre étude montre que ce n'est pas seulement manger trop ou trop peu, mais la composition du régime qui pourrait avoir un impact sur les futurs enfants », explique le Professeur Romain Barrès.
Le travail a été réalisé sur des souris et a ouvert la voie à l'équipe pour étudier les mécanismes moléculaires impliqués. Les travaux sur les souris font partie d'une série plus large d'études au sein du consortium GECKO, impliquant des humains et d'autres mammifères dans des institutions partenaires.
« Nous pensons que notre étude constitue une étape vers le développement de recommandations diététiques pour les futurs pères, avec pour objectif ultime de réduire le risque de maladies métaboliques et les troubles de l'humeur chez les générations futures », déclare le Professeur Romain Barrès.
Figure : Diagramme illustrant les différents traits biologiques observés dans la descendance issue de pères ayant reçu des régimes de composition variable en protéines, lipides et glucides. Des différences ont été notamment observées dans la descendance pour le pourcentage de graisse corporelle et le caractère anxieux. Le caractère anxieux est mesuré par le temps passé dans la partie ouverte d’un labyrinthe dans le lequel sont placées les souris.
Référence : Crean, A.J., Senior, A.M., Freire, T. et al. Paternal dietary macronutrient balance and energy intake drive metabolic and behavioral differences among offspring. Nat Commun 15, 2982 (2024). https://doi.org/10.1038/s41467-024-46782-y.
Contact
Laboratoire
Institut de pharmacologie moléculaire et cellulaire - IPMC (CNRS/Inserm/Université Côte d'Azur)
660 Route des Lucioles,
Valbonne, France