Certaines odeurs ont le pouvoir d’agir comme des récompenses sur notre cerveau
Pourquoi sommes-nous tellement attirés par certaines odeurs? Une étude publiée dans la revue Current Biology montre que des odeurs plaisantes peuvent agir comme des récompenses sur notre cerveau. Cette propriété particulière des odeurs serait due à une connexion privilégiée entre deux régions cérébrales, le bulbe olfactif qui traite le caractère plaisant des odeurs et le tubercule olfactif, structure clé du circuit de la récompense. La mise en jeu de ce réseau permettrait la libération de dopamine, comme le font des éléments bénéfiques naturels comme la nourriture ou artificiels comme les drogues. Ces résultats obtenus chez la souris ont été confirmés chez l’Homme, montrant que ce processus est conservé entre les espèces.
Depuis la nuit des temps, nous nous entourons d’odeurs : nous assaisonnons nos plats, nous diffusons des encens dans nos maisons et nous nous parfumons. Notre relation étroite avec les odeurs illustre le fort pouvoir d’attraction qu’elles exercent sur nous. Mais pourquoi sommes-nous tellement attirés par certaines odeurs au point de s’approcher, parfois de manière répétée de leur source?
Les scientifiques montrent par des approches à la fois comportementales, d’imagerie cellulaire, d’électrophysiologie et de « transparisation » du cerveau que certaines odeurs sont capables d’agir comme des récompenses chez la souris. Cette propriété particulière des odeurs serait permise grâce à une voie nerveuse privilégiée entre la zone du bulbe olfactif qui traite l’information plaisante des odeurs et une région cérébrale clé du circuit de la récompense, le tubercule olfactif. Le circuit de la récompense, également activé lors de la prise de drogues, a pour rôle de renforcer certains de nos comportements grâce à la libération d’une substance chimique utilisée comme neurotransmetteur, la dopamine, qui produit un état de satisfaction. L’activation du tubercule olfactif en réponse aux odeurs plaisantes a été également mise en évidence chez l’Homme par la technique d’imagerie cérébrale fonctionnelle.
Ce pouvoir récompensant des odeurs plaisantes a également été démontré par l’utilisation de la procédure de « préférence de place conditionnée » qui permet de mesurer le souvenir laissé par l’affect positif induit par une substance, comme c’est par exemple le cas pour la cocaïne ou le sucre : l’animal, ou l’Homme, a tendance à passer du temps à l’endroit où il aura précédemment fait l’expérience d’un affect positif. Dans cette étude, une préférence de place conditionnée aux odeurs plaisantes, c’est-à-dire un temps plus élevé passé dans une zone préalablement odorisée, vis-à-vis d’une zone restée sans odeur, a été observée aussi bien chez la souris que chez l’Homme grâce à des expériences en "living lab".
Ainsi, cette étude fournit des données comportementales, anatomiques et fonctionnelles indiquant que les odorants peuvent agir comme des récompenses naturelles en l'absence d’association avec des stimuli alimentaires ou sociaux.
Pour en savoir plus :
Neural processing of the reward value of pleasant odorants
Midroit M, Chalençon L, Renier N, Milton A, Thevenet M, Sacquet J, Breton M, Forest J, Noury N, Richard M, Raineteau O, Ferdenzi C, Fournel A, Wesson DW, Bensafi M, Didier A, Mandairon N
Current Biology 17 février 2021 DOI: doi.org/10.1016/j.cub.2021.01.066
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