Cancer du sein : un duo de récepteurs envisagé comme piste thérapeutique

Résultats scientifiques

Ralf Jockers, directeur de recherche Inserm et chef d’équipe à l’Institut Cochin (Inserm / CNRS / Université Paris-Descartes), a coordonné une étude qui vient de paraître dans Nature Communications et dans laquelle sont étudiées et mises en évidence les propriétés antiprolifératives d’un récepteur membranaire, GPR50, dans le cadre de cancers du sein. L’association du récepteur TßRI avec GPR50 induit en effet le ralentissement de la croissance tumorale dans les tumeurs mammaires, faisant de ce duo une piste thérapeutique d’intérêt.

Les récepteurs couplés aux protéines G (RCPG) sont impliqués dans de nombreux processus physiologiques et physiopathologiques, et sont connus pour reconnaître une large gamme de signaux biologiques internes et externes : molécules du goût, hormones, neurotransmetteurs…

Cependant, le ligand d’une centaine de ces récepteurs n’est pas encore identifié à ce jour : on parle de récepteurs orphelins. Dévoiler leurs fonctions présente un intérêt scientifique important, car ils pourraient constituer de potentielles cibles médicamenteuses. C’est dans ce cadre que Ralf Jockers, chercheur Inserm, s’est intéressé à l’un d’entre eux, GPR50.

Dans cette étude, l’équipe démontre que GPR50 est capable de se lier à un récepteur de la famille des TGFß (« facteur de croissance transformant », connu pour jouer un rôle dans la prolifération et la différenciation cellulaire dans de nombreux types de cellules) de type I : TßRI. C’est la formation de cet hétérodimère qui est à l’origine des effets anti-tumoraux observés dans les tumeurs mammaires.

En induisant la formation du complexe TßRI-GPR50 sur des modèles murins de cancer, les chercheurs ont pu observer et confirmer une réduction significative de la prolifération tumorale.

Par ailleurs, les chercheurs ont également montré que la surexpression de GPR50 mime cet effet anti-prolifératif, ralentissant ainsi la croissance tumorale.

À l’inverse, l’élimination ciblée de GPR50 dans un modèle de cancer du sein augmente la croissance tumorale et diminue de façon significative les chances de survie de l’animal.

De plus, après étude d’une base de données regroupant des informations et statistiques de patientes ayant survécu à un cancer du sein, l’équipe a mis en évidence qu’une faible expression du récepteur GPR50 était corrélée à un pronostic moins favorable des patientes (c’est-à-dire un taux de survie plus faible), quel que soit le sous-type de cancer du sein.

Ces travaux prouvent le rôle protecteur joué par GPR50 contre la croissance tumorale lors d’un cancer du sein, et font de ce récepteur une cible thérapeutique d’intérêt pour développer de nouvelles méthodes de traitement. En effet, la mesure de son expression pourrait constituer un test de diagnostic précoce du cancer du sein, tandis qu’une activation ciblée de son expression pourrait permettre de ralentir la croissance tumorale.

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Figure : En rouge : GPR50, en vert : TßRI, en jaune : superposition des deux marquages montrant la colocalisation de ces récepteurs.
© Inserm

 

En savoir plus

  • The orphan GPR50 receptor promotes constitutive TGFB receptor signaling and protects against cancer development. Stefanie Wojciech, Raise Ahmad, Zakia Belaid-Choucair, Anne-Sophie Journé, Sarah Gallet, Julie Dam, Avais Daulat, Delphine Ndiaye-Lobry, Olivier Lahuna, Angeliki Karamitri, Jean-Luc Guillaume, Marcio Do Cruzeiro, François Guillonneau, Anastasia Saade, Nathalie Clément, Thomas Courivaud, Nawel Kaabi, Kenjiro Tadagaki, Philippe Delagrange, Vincent Prévot, Olivier Hermine, Céline Prunier & Ralf Jockers. Nature Communications, 23 mars 2018. doi:10.1038/s41467-018-03609-x

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Ralf Jockers
Chercheur