Prix Jeunes Talents France Pour les Femmes et la Science 2022 : 5 jeunes chercheuses en biologie récompensées

Distinctions

Pour cette 16ème édition du Prix Jeunes Talents France 2022 Pour les Femmes et la Science, la Fondation L'Oréal, en partenariat avec l'Académie des sciences et la Commission nationale française pour l'UNESCO a récompensé 35 jeunes chercheuses, dont 5 lauréates rattachées à l'Institut des sciences biologiques du CNRS.

Alexandra Colin, post-doctorante au Laboratoire de physiologie cellulaire et végétale (CNRS/CEA/INRA/Université Grenoble Alpes)

Comprendre le vivant pour démultiplier ses capacités

Animée par la volonté de comprendre ce qui l’entoure, Alexandra Colin a suivi un cursus scientifique pluridisciplinaire à l’École normale supérieure (ENS) avant de s’engager dans un doctorat pour étudier la dynamique de l’architecture intracellulaire. Sa persévérance et sa curiosité l’ont amenée à poursuivre une carrière au Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Grenoble, dans le but de développer ses recherches autour de la compréhension du fonctionnement des cellules, permettant, à terme, la création de cellules artificielles. Ces avancées pourraient avoir une utilité notable dans les biotechnologies.

Alexandra Colin étudie la dynamique du cytosquelette – la matière responsable de la forme adoptée par les cellules (humaines, animales, végétales), et qui joue notamment un rôle majeur dans la division cellulaire. À long terme, l’objectif de la reconstitution d’un cytosquelette est de créer une cellule artificielle, qui permettrait de mieux comprendre les conditions minimales nécessaires à la dynamique cellulaire. Tout en permettant une meilleure compréhension des origines de la vie, ces recherches pourront également avoir une utilité dans le domaine des biotechnologies, comme pour la production de matière augmentée. De manière très pratique, nous pourrions par exemple imaginer construire des cellules artificielles qui seraient capables de capter le CO2 et de le transformer en une matière utilisable, comme du biocarburant.

figure
© Fondation L’Oréal

 

Meryem Baghdadi, chercheuse CNRS au laboratoire Biologie cellulaire et cancer (CNRS/Institut Curie)

Décrypter les cellules souches pour prévenir le cancer colorectal

Chercheuse spécialisée en médecine régénérative, Meryem Baghdadi mène son post-doctorat au sein de l’équipe Migration et invasion cellulaire de l’Institut Curie. Ses recherches se focalisent sur les cellules souches capables de régénérer tout un organe : pour bien réparer les tissus, elles doivent recevoir des signaux de leur environnement qui leur dictent le comportement adéquat en fonction des besoins. La chercheuse, qui a mené sa thèse à l’Institut Pasteur, étudie cette communication cruciale : en cas de perturbations, elle peut engendrer des maladies chroniques et des cancers.

Le cancer colorectal représente la deuxième cause de décès par cancer. Si nous arrivons à empêcher les cellules saines de devenir cancéreuses, nous pouvons potentiellement bloquer l’initiation de cancer. La compréhension de l’origine des cellules souches cancéreuses devrait ouvrir de nouvelles pistes pour le développement d’applications thérapeutiques.

figure
© Fondation L’Oréal

 

Salomé Nashed, doctorante au Laboratoire biologie computationnelle et quantitative (CNRS/Sorbonne université)

Des recherches au cœur de la lutte contre les maladies mitochondriales

Au sein de l’équipe des Réseaux génétiques de l’Institut de biologie Paris Seine, Salomé Nashed étudie le transfert des protéines vers les mitochondries par nos cellules. Chaque jour est un défi que cette chercheuse, atteinte de l’amaurose congénitale de Leber, relève avec brio. Lors de ses études, elle a développé des solutions brillantes pour apprendre malgré sa cécité presque totale, en utilisant de la pâte à modeler pour former des embryons ou en touchant des dissections d’organes à mains nues.

Les recherches de Salomé Nashed ont pour objectif d’identifier les caractéristiques de signaux portés par certaines protéines permettant à nos cellules de les envoyer vers les mitochondries – les compartiments qui permettent à une cellule de fabriquer l’énergie dont elle a besoin. Pour illustrer, c’est comme si à la Poste (le cytoplasme), des étiquettes étaient collées sur différents colis (protéines) en fonction de leur destination. Elle cherche à comprendre à quoi doit ressembler l’étiquette « mitochondrie », qui pourra ensuite être collée à des molécules thérapeutiques pour les envoyer directement aux mitochondries des malades.

figure
© Fondation L’Oréal

 

Rachel Breton, doctorante au Centre interdisciplinaire de recherche en biologie (CNRS/Collège de France/Inserm)

Comprendre le rôle des astrocytes, les cellules non neuronales, au cours du développement cérébral post-natal

Doctorante en neurosciences à l’Université Paris-Saclay, Rachel Breton mène un projet de thèse qui a pour but de comprendre le rôle, encore peu connu, des astrocytes (cellules non neuronales) au cours de la période critique du développement. L’envie d’évoluer dans le monde de la science lui est apparue dès le collège et ne l’a jamais quittée. Travailleuse et persévérante, elle s’y consacre aujourd’hui, espérant pouvoir appréhender le fonctionnement du cerveau afin de participer, un jour, au développement de thérapies permettant de lutter contre des maladies neurologiques.

La période critique, fenêtre temporelle du développement cérébral postnatal, est une phase fondamentale durant laquelle notre interaction avec le monde extérieur est essentielle pour le fonctionnement de notre cerveau. Les enjeux des travaux de recherche de Rachel Breton sont de comprendre l’ensemble des mécanismes physiologiques, moléculaires et cellulaires par lesquels les astrocytes régulent cette période, permettant ainsi, à terme, la mise au point de thérapies pour traiter certaines pathologies neurodéveloppementales associées à un défaut au cours de la période critique.

figure
© Fondation L’Oréal

 

Adeline Lacroix, doctorante au Laboratoire de psychologie et neurocognition (CNRS/Université Grenoble Alpes/Université Savoie Mont Blanc)

Femmes et autisme : réduire les inégalités de genre dans la recherche clinique

Adeline Lacroix est doctorante à l’Université Grenoble Alpes au laboratoire de Psychologie et neurocognition (École doctorale Ingénierie pour la Santé, la Cognition et l’Environnement). Après avoir exercé comme professeure des écoles, elle change de voie et se réoriente vers ce qui la passionne véritablement : les sciences. La découverte de biais de genre dans la recherche sur l’autisme la convainc d’en faire l’objet de ses travaux.

Les travaux d'Adeline Lacroix consistent à étudier les particularités du traitement visuel des stimuli sociaux chez les personnes autistes. De plus, elle cherche s’il existe des spécificités chez les femmes qui seraient différentes de celles des hommes et pouvant contribuer à ce qu’elles soient moins visibles. Travailler à une meilleure compréhension de l’autisme est une manière d’agir pour qu’il soit mieux diagnostiqué, mais peut également participer aussi à l’amélioration de l’intégration des personnes autistes dans la société.

figure
© Fondation L’Oréal